Méditation – Équilibrer la concentration et la pleine conscience

Si vous avez déjà essayé de marcher avec une seule jambe, vous avez découvert, par vous-même, l’importance d’avoir deux jambes. De même, lorsque nous méditons, deux aspects de la méditation sont nécessaires pour que notre pratique soit équilibrée.

Samadhi (concentration) et Vipassana (attention) sont les deux aspects qui devraient être pratiqués main dans la main. Ou, pour le dire autrement, nous alternons la pratique du calme de l’esprit avec la pratique du discernement ou de l’investigation surveillée par la pleine conscience.

La méditation de concentration consiste en une focalisation étroite sur un aspect, comme notre respiration, jusqu’à ce que l’esprit tombe en Samadhi, ou un calme complet. Nous restons là jusqu’à ce que l’esprit décide de sortir de Samadhi.

La méditation pleine conscience, ou Vippasana, inclut une vaste investigation des phénomènes, tels que nos pensées, nos sentiments et nos émotions.

En pratique, quand l’esprit sort de Samadhi, nous pratiquons alors Vipassana. Et quand l’esprit devient fatigué de Vipassana, nous nous reposons à nouveau dans la pratique de Samadhi. Ainsi, les deux aspects vont de pair.

Si nous pratiquons seulement un aspect, par exemple, la concentration, nous limitons notre perspicacité parce que le Samadhi qui en résulte est si paisible et calme que nous hésitons à faire n’importe quoi, sauf à demeurer dans cette paix. Nous avons tendance à devenir paresseux. Un autre aspect de Samadhi est les visions et les expériences qui surviennent juste avant de tomber dans le profond Samadhi. Celles-ci peuvent aussi créer une dépendance et nous donner l’impression à tort que nous progressons réellement, alors qu’en réalité notre progrès s’est arrêté précisément sur ces visions, expériences mystiques et parfois même pouvoirs.

Il est difficile de dépasser ce stade de concentration profonde car nous ne voyons pas la nécessité d’aller plus loin. Cependant, si nous n’allons pas plus loin, nous resterons piégés dans l’existence et renaîtrons dans un monde existentiel soumis à toutes les vicissitudes que nous traversons maintenant, telles que la séparation d’avec les êtres chers, la maladie et la mort. Ce qu’est la méditation, c’est la liberté totale, et la liberté totale ne peut pas naître uniquement de la pratique de la concentration; il doit y avoir la pleine conscience et l’investigation aussi.

Si, d’un autre côté, nous négligeons la pratique du samadhi et pratiquons seulement l’investigation ou la pleine conscience, alors l’esprit n’a pas de repos et aura du mal à comprendre à la fois correctement et profondément. C’est comme si on travaillait sans jamais se reposer, auquel cas la qualité du travail décline finalement.

Selon notre composition, nous nous dirigerons naturellement vers la pratique de concentration ou la pratique de la pleine conscience. Ceux qui ont un esprit naturellement calme tomberont plus facilement dans le calme de Samadhi où la pensée disparaît. Ceux qui ont des intelligences naturellement actives vont naturellement étudier les phénomènes où la pensée est encore utilisée. Cela ne veut pas dire que celui qui préfère enquêter au calme court comme un savant fou en train d’imaginer des choses superficielles. Celui qui utilise l’investigation doit aller sous la surface et regarder ses tendances, telles que l’agitation.

On doit déterminer pourquoi on est agité, et la raison sous-jacente pour laquelle on ne peut pas rester immobile. Si l’on ne va pas si profondément, on ne cédera jamais à leur curiosité constante. C’est parce qu’on ne va jamais à la racine du problème. Seule la racine du problème favorisera un calme éventuel où toute pensée finira en toute sécurité, à la fois dans la concentration et la pleine conscience, sans s’engager dans la mauvaise voie.

Pour les autres, il est plus facile de rester assis en Samadhi pendant de longues périodes de temps que de pratiquer la pleine conscience, bien que la vigilance soit aussi utilisée dans la pratique du Samadhi afin de garder l’esprit concentré. Pour ceux qui préfèrent la pratique de Samadhi, le danger est toujours assis comme des bosses sur une bûche et jamais vraiment comprendre ou développer la sagesse. La liberté totale exige deux choses, un esprit très calme et recueilli, et ensuite la perspicacité résultant de l’observation des phénomènes avec cet esprit calme et recueilli.

Pour celui qui veut juste reposer l’esprit dans Samadhi et ne pas enquêter, l’esprit qu’il ou elle développera sera comme une automobile qui semble belle mais ne démarre jamais son moteur. Et si ça commence il va dans la mauvaise direction. Sans la pleine conscience et l’investigation, la pratique du Samadhi peut prendre une mauvaise direction et n’atteindre jamais la liberté totale. À moins que l’esprit ne comprenne à des niveaux profonds, ce qui implique à la fois l’investigation et le calme de l’esprit, on restera piégé dans l’existence.

La fin du «soi» ou du «je» doit être comprise complètement par l’esprit. C’est; l’esprit doit absolument comprendre que le soi est fini. Si nous nous cachons simplement derrière une transe, ou cherchons sans sagesse, la libération finale ne sera pas possible.

Finalement, et quelle que soit la méthode utilisée – la concentration ou la pleine conscience – toute pensée doit se terminer naturellement sans forcer la pensée à finir, et la pensée ne peut se terminer que si aucun doute ou question ne subsiste. En d’autres termes; quand personne n’est plus là pour questionner ou douter. Et quand cela arrive, pratiquer la concentration et la pleine conscience n’est plus nécessaire; l’expérience même de la vie devient une combinaison constante des deux, sans aucun effort.